Earl Dean, la quarantaine, une calvitie galopante, est un démarcheur d’aspirateurs qui travaille la nuit pour arrondir ses fins de mois. A l’image de la vallée californienne de Pomona, jadis prospère grâce à la culture des oranges, mais qui depuis l’apparition d’un virus se meurt lentement, Earl se laisse décliner. Il est le dernier descendant d’un grand propriétaire, son arrière grand-père, le pionnier des agrumes à Pomona, dont il ne reste plus de l’empire qu’une maison en ruine et des machines rouillées.
Un soir, Earl débarque sans faire exprès chez Dan Brown, énorme Hell’s Angel complètement barge et drogué, une brute effrayante, frapadingue et sanguinaire faisant régner la terreur dans un bled pourri nommé Clear Lake, pour déballer son baratin afin de refourguer un de ses aspirateurs.
Dans la maison cradingue de Dan, au milieu du salon, le cadavre de son dégénéré de frangin, lardé par une fille dans une mauvaise taverne, repose dans une glacière Coca-Cola. Fâcheuse coïncidence, Dan Brown reconnaît immédiatement Earl, qui est en fait un de ses anciens camarades de classe ; Earl se faisait alors appeler Johnny Magic et avait monté un groupe de rock, à présent dissout et oublié.
Dan n’a alors plus qu’une seule idée en tête, celle de venger la mort de son frère, en retrouvant son meurtrier pour lui faire la peau, et d’enterrer puis de faire chanter Earl Johnny Magic sur sa tombe. Débute alors un périple nocturne de terreur et de sang où Earl suit son monstrueux acolyte contraint et forcé. Il supporte cette éprouvante échappée en laissant vagabonder ses pensées tantôt vers l’amour de sa jeunesse, tantôt vers l’histoire de Pomona, celle de sa famille et la mort inexpliquée de son illustre arrière grand-père. Earl manquera d’y laisser sa peau plus d’une fois.
Hormis quelques lenteurs, inévitablement engendrées par quelques longues descriptions, La reine de Pomona est un roman noir américain saisissant, bien écrit et bien traduit, une espèce de western moderne complètement halluciné servi par une écriture à la fois bourrée d’humour et désenchantée face à la destruction de la vallée de Pomona, conséquence du marasme économique.
La reine de Pomona, roman de Kem Nunn paru en 1992, disponible aux Editions Gallimard en format broché dans la collection La Noire (272 pages) et en format poche dans la collection Folio Policier (288 pages).
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