La Bête et la Belle (1/2)

C’est grâce à Mimi que j’ai découvert La Bête et la Belle de Thierry Jonquet :quelle magnifique découverte ! Merci, Créature de rêve.

Ce roman policier ne répond pas aux règles traditionnellement imposées à cet exercice de style : quand l’histoire commence, les meurtres ont déjà été perpétrés et le meurtrier identifié. Mais Gabelou, le commissaire en charge de l’affaire, ne se satisfait pas de conclusions si rapides. Il veut comprendre ce qui a amené un professeur d’apparence très convenable à dérailler ainsi.

La Bête et la Belle est un récit à trois voix : celle du commissaire Gabelou, les pensées de Léon, principal témoin et vieil ami du Coupable, et les aveux enregistrés par le Coupable pendant les semaines ayant précédé le début de l’enquête.

Inspiré du célèbre conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, publié en 1757 dans son recueil Le Magasin des enfants et adapté en 1946 à l’écran par Jean Cocteau, ce roman n’hésite pas à complètement défigurer le conte de fée. L’idéalisme enfantin de l’hypotexte s’est transmué en visions macabres d’un gros village de la banlieue parisienne. Au lieu de palais, on a un appartement submergé d’ordures et quant aux personnages, s’ils ne sont pas devenus des cadavres, ils s’animalisent de plus en plus à mesure que se déroule l’intrigue, à l’inverse de la bête-chimère du conte.

Drôle et sordide à la fois, ce policier, par le truchement du vocabulaire et de la construction employés par l’auteur, vous conduira à une fin pour le moins surprenante qui vous bernera à coups sûrs.

Disponible aux Editions Gallimard en format broché et en format poche dans la collection Folio Policier (seul ce dernier format étant actuellement disponible : cela tombe bien, il est bien plus pratique et économique !).