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lundi 27 août 2007

Surfer la nuit (1/2)



Paru en 1996 en Australie, un an plus tard en France, Surfer la nuit est le premier roman de Fiona Capp, Australienne d’une quarantaine d’années, un livre qui n’a rien d’une balade aseptisée entre crème à bronzer et feu de camp sur le sable.

Surfer la nuit nous parle d’Hannah, étudiante à Melbourne, attirée par le surf qu’elle veut apprendre, et qui durant ses vacances trouve un petit boulot de serveuse au sud de cette ville, dans un endroit où le temps semble stoppé, près des baies fréquentées par les surfeurs, là où les dunes s’émiettent dans un Pacifique qui roule des épaules et pousse vers le rivage dans un sillage musclé des gaillards en combinaison de Néoprène.

Ces jeunes types du coin, qui ne parviennent pas à rejoindre l’université et bossent dans les villas des touristes, ne sont pas des athlètes photogéniques, soucieux de compétition et de frime, mais des Australiens silencieux pour qui comptent, plus que l’amour d’une femme, l’attirance de la mer, l’attente de la vague guettée qui porte et entraîne à une vitesse démente vers un ailleurs. La houle longue et les vagues monstrueuses venues de loin leur servent de terrains de jeux. Leurs cheveux affichent un blond délavé par le soleil et les embruns. Devant une bière au bar de la plage, ils fument des pétards, parlent de surf, de glisse, de brises, de courants marins, un peu de filles, peu de voitures et encore de surf.

Hannah envie leur aisance, qu’elle voudrait acquérir. Elle sent bien que le surf est aussi une attitude devant la vie. Elle tombe amoureuse de Jake, le plus fortiche des surfeurs locaux, qui la nuit ne rêve que de chevaucher des montagnes liquides pour y découvrir ce qui n’apparaît pas sous le soleil étincelant.

Alors Jake attend. Il sait que les nuits de pleine lune, l’océan lâche ses monstres. Instants magiques que cet accouplement entre le raz-de-marée, l’homme et sa planche. Danger extrême aussi, car l’obscurité camoufle l’énorme masse d’eau. Impossible alors d’anticiper, d’éviter la crête d’écume qui balaye tout, le corps seul peut sentir, respirer le mouvement de l’eau et sauver le surfeur. Par son amour, hannah tentera de détourner Jake de l’ultime glissade. Evidemment, son projet tombera à l’eau et elle échouera ; le surf est une discipline solitaire.

Enfants perdus, échoués sur les rives d’un continent trop grand pour eux, les kids de Fiona Capp n’ont d’autres solutions que de fuir vers le large. Leurs marges sont liquides. Les gosses de riches, eux, intègrent le club des sauveteurs et chassent les surfeurs des plages touristiques. Hannah, dont les professeurs disent qu’elle a les pieds sur terre, sait l’instabilité du monde et « le mouvement permanent comme celui du sable qui file entre les orteils ». Jake, dont le père venu d’Angleterre tente de se reconstituer une vie brisée, un univers de chagrin en glanant sur la grève les bois flottés et autres coquillages, trucs et machins divers que l’océan dépose à chaque marée, Jake sait que « d’autres mondes existent », mais qu’il faut « traverser le fleuve ». Alors Jake devra affronter « la vague noire (…), celle qui arrache au ciel le soleil, les étoiles et la lune et transforme la nuit en encre. Elle est plus que de l’eau, elle contient un univers entier ». Seule cette initiation, rite quasi préhistorique, baptême païen de sel et d’écume, lui ouvrira les portes d’un chemin à venir.

Surfer la nuit est un roman où certains passages reviennent comme des vagues. Les personnages sont hantés, même leurs rêves appartiennent à l’océan. Ce livre est un hymne à l’océan. N’hésitez pas à y plonger, vous ne pourrez que l’apprécier.


Surfer la nuit, roman de Fiona Capp, disponible aux Editions Actes Sud en format broché dans la collection Romans Nouvelles Récits (206 pages) et en format poche dans la collection Babel (206 pages).

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