PUPIWOOD, PARBLEU
Chapitre XII
15 juin, 09h01
(…)
Des gyrophares bleus illuminaient par intermittence la ferme de Désiré-Petit entourée de rubans jaunes avec l’inscription noire « Défense d’approcher ». Un camion de CRS, quatre estafettes et quelques 4L encerclaient la bâtisse. La plupart des policiers et des gendarmes, calés derrière leurs portières, braquaient leur flash-ball, les bras appuyés sur les toits des voitures. D’autres, en attendant de prendre le relais, se restauraient de petits paniers repas améliorés – macédoine, poulet basquaise, comté, tarte aux fruits et un quart de Béthanie. Du haut des sapins, des tireurs d’élite pointaient leur Winchester à lunette infrarouge vers les fenêtres des chais. Un hélicoptère tourbillonnait comme un frelon affolé au-dessus du lieu. Des hommes de la DDE, posés sur le manche de leur pelle, la corne sur le dessous du menton, bloquaient la circulation.
Les pompiers prévoyaient le pire, munis de tentes, de lits picots et de brancards en aluminium appauvri. Deux camions blancs avec de grandes paraboles étaient garés en amont sur la route. Des nœuds de câbles marbraient la chaussée. Un présentateur de Groland, muni d’un micro difforme, était filmé devant la scène. Un autre de LCI-Jura négociait, sous le regard de quidams, pour s’introduire dans la maison aux côtés des malfaiteurs. Des voisins pleuraient, d’autres se frottaient les mains. On n’avait pas vu un tel vacarme depuis la tempête de 1999.
Bronski sortit de sa voiture sous les flashes des journalistes. L’air grave et serein, il boutonna sa veste avant de rejoindre d’un pas pressé un autre supérieur et deux psychologues. Son allure était semblable à un homme qui marcherait avec un douzaine d’œufs entre les jambes et des oursins sous les bras. Son souffle chargé de cognac ne dérangea aucun membre des forces de l’ordre. Destouches lesuivait, épaté, espérant lui aussi passer à la télé. Machinalement, il passa la main sur son crâne chauve avant d’ajuster son Stetson. Mais, de sa main, son supérieur le garda à distance de crainte qu’il ne lui vole la vedette.
- Je suis le commissaire Stanislas Bronski !, dit-il dans le porte-voix avant de jeter un coup d’œil ténébreux vers la presse sous les crépitements des flashs.
- Et moi Gérard Petit… Pourriez-vous m’expliquer… c’est quoi ce barda !, dit le vigneron.
Le son de voix semblait sortir de la chatière au travers de la porte. Aucun visage, aucun mouvement n’était perceptible. La maison était comme morte, pareille à celle des Clutter à Holcomb.
- Je n’ai pas le temps de jouer au chat et à la souris ! Qu’HFT jette sa guitare à l’extérieur… et qu’il sorte ! Les bras sur la tête ! Et il ne vous sera fait aucun mal… Vous et vos proches êtes ses otages ! Sachez-le ! Le diable est chez vous… on va vous sortir de là… on a des psychologues, des exorcistes, des marabouts, aussi !
(…)
Entre 3 grammes et 5 heures du matin
(anti) biographie d’HUBERT FÉLIX THIÉFAINE
Écrite par Jean-Charles Chapuzet
SORTIE LE 15 MAI 2009
(192 pages – 16 euros – Éditions Les Presses du Belvédère)
(anti) biographie d’HUBERT FÉLIX THIÉFAINE
Écrite par Jean-Charles Chapuzet
SORTIE LE 15 MAI 2009
(192 pages – 16 euros – Éditions Les Presses du Belvédère)
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